Une soirée en trois volets : un triptyque dansé, puissant comme un uppercut, envoûtant comme un charme. La talentueuse chorégraphe et interprète Leïla Ka a une écriture singulière qui conjugue danses urbaine et contemporaine. À cela s’ajoute son expérience marquante de la théâtralité – elle a joué dans le mythique May B de la chorégraphe Maguy Marin – qui vient infuser dans son œuvre. Avec une ardeur peu commune, Leïla Ka raconte par le corps les contradictions de l’être, la quête d’identité et la complexité de l’existence. Deux solos et un duo poignants pour mettre en gestes nos désirs d’affranchissement, de liberté et de vie. À découvrir de toute urgence.

Pode Ser

Pode Ser est la première pièce de Leïla Ka. Son titre – « peut-être » en portugais – est un clin d’œil à la pièce May B et un hommage à la communauté lusophone de Saint Nazaire, sa ville d’origine, au sein de laquelle elle a commencé le hip hop. Sur scène, une femme comme sur un ring lutte contre l’adversité et contre elle-même. Les poings serrés et le regard effronté, ses gestes sont précis et rapides. Elle est battante et fragile à la fois, madone furieuse et guerrière en robe légère. Ce personnage tout en ambivalence crie par le corps son désarroi, sa difficulté d’être soi et d’être au monde. La force flirte avec la vulnérabilité, le féminin se mêle au masculin… la quête de soi est perpétuelle. 15 minutes d’une densité sidérante qui ont été distinguées par cinq prix chorégraphiques internationaux dès sa création !

C’est toi qu’on adore

Le duo C’est toi qu’on adore s’inscrit dans le prolongement de Pode Ser. Cette fois, elles sont deux à déployer une énergie à toute épreuve. Deux femmes en proie à une adversité que l’on devine mais dont on ne sait rien. Elles prennent à bras-le-corps le destin, les carcans, les normes, le poids du monde... et s’élancent vers l’émancipation. Prises sans cesse entre l’espoir et la désillusion, les danseuses luttent, vacillent, persévèrent, tombent, se relèvent. Les corps tressaillent et dégagent une pulsion vitale bouleversante.

Se faire la belle

Dans une chemise de nuit d’un blanc immaculé, Leïla Ka est à nouveau seule, entourée d’un noir épais – celui de la nuit, lieu des fantasmes, des ténèbres, du rêve et du lâcher prise. Sur des rythmes de basses électro qui vont crescendo, son solo est une aspiration à la rébellion. Le corps, affublé d’injonctions, est traversé par un indomptable et insolent désir de liberté. Comme un lion en cage, il veut s’extirper de sa camisole. La jeune artiste se lance dans une danse en apparence minimaliste, d’une vigueur et d’une complexité extrêmes, qui a déjà été récompensée par le Prix révélation chorégraphique des Syndicats de la critique en 2022. La transe est salvatrice et la métamorphose opère.